MDFR

MDFR comme ...

Mardi 15 février 2011 à 21:42

     Quel meilleur moment que la Sainte Claude pour évoquer ses amours déçus ?
C'est en réfléchissant à cette question que j'en suis venu, touche à touche, à écrire cet article qui parlera comme vous vous en doutez, d'un idylle impossible.

      "Je ne connaissais pas son âge mais elle me semblait avoir connu plus de printemps que moi. J'ai tout de suite été séduit par sa voix. Oh bien sûr elle n'était pas cantatrice mais elle parlait avec l'assurance de celles qui savent ce qu'elles veulent. Sa conversation, bien que souvent redondante ne m'ennuyait jamais. J'avais l'impression de la redécouvrir à chaque fois, à toute heure que je l'entende. Sa voix. C'est réellement ce qui m'a poussé dans ses bras. Elle était douce, pleine de volupté, et bien qu'elle n'eut aucun accent, son timbre distillait des promesses d'exotisme.
Je l'ai rencontré dans le train pour la première fois. Sa voix m'est parvenue comme un miracle, et dès lors, le lever de soleil que je regardais de l'oeil sec de la torpeur matinale s'est illuminé; les couleurs paraîssaient plus vives. Moi même je paressait, plus vif.
C'est ainsi que commença le processus. Je ne devais plus pouvoir penser à autre chose qu'à sa voix envoutante. Elle me suivait toute la journée et je me surprenais parfois la nuit à sentir à sa moindre évocation poindre en moins une rigidité qui aurait fait pâlir toutes les érections des pyramides de Kheops. Cette situation semblait ne jamais vouloir prendre fin.
      Et pourtant, comme le démontrent chaque jours des millions de pauvres, tout a une faim.
      Celle ci ne devait connaître aucune bataille épique, aucune dénouement en apothéose sanglante ; point de Termopyles, point de trépas sous une pluie de fer et de chair; notre idylle devait s'embourber dans la fange de la routine et de l'écoeurement progressif. 
J'avais de plus en plus de mal à supporter ses facéties ironiques, elle me prévenait toujours trop tard de ses indisponibilités, se jouait de moi avec ses retard intempestifs et me sussurrait que 35 minutes n'en faisaient que 25. J'étais déboussolé, perdu; mes repères étaient flous. J'avais terriblement besoin d'elle. Chaque jour et pendant plusieurs mois j'avais saisi la moindre oscillation de sa voix, j'en avait perçu le moindre megahertz, je vivais totalement en phase avec sa notion du temps. Néanmoins, ses absences étaient de plus en plus fréquentes, et telle la mer rongeant patiemment la falaise, le quotidien finit par effriter notre relation, galet après galet, grain de sable après grain de sable, pêcheur trop près du bord après pêcheur trop près du bord .
      Voilà où nous en sommes arrivés, le lendemain de la Saint Valentin. Je ne veux plus d'elle, je veux m'en séparer. Ce que je n'avais pas prévu en m'accoquinant de pareil sirène, c'est que son chant me ferait perdre pied et que la réalité ne soit plus qu'un voile flou autour de moi. Elle a profité de cette faiblesse. J'ai signé un pacte avec le diable. Je lui suis lié par contrat désormais."

Ceci était un extrait de "Envouté par la SNCF", le roman à l'eau de tulipe, de rose et vie de Mdfr, à paraître aux éditions du Faisan qui s'incline.

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Commentaires

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Par Angeline le Mercredi 16 février 2011 à 13:05
J'adore cet article, tu as eu beaucoup d'inspiration =) (et non la chute n'est pas si horrible, j'adore ta maison d'edition en passant)
Par lancien le Samedi 14 mai 2011 à 14:55
On se croirait avec Ulysse. Pourquoi ne t'es tu pas attaché comme lui, au porte bagage du wagon par exemple.
J'aime bien l'image et son humour
Par research paper writers le Jeudi 15 mars 2012 à 14:07
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Par research paper writers le Jeudi 15 mars 2012 à 14:08
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Par dissertation methodology le Mercredi 21 mars 2012 à 12:20
In my point of view an educational system is n0t worth a great deal if it teaches young people how to make a living but does not teach them how to make a life.
 

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